n. f. - suspenciun "délai, incertitude" 1170 > Latin suspensio, de suspendere
I. Le fait de suspendre (I) d'interrompre ou d'interdire ; son résultat. >1 VX ou DR. (sauf dans des loc.) Interruption ou remise à plus tard. La suspension des hostilités >> abandon, arrêt, cessation. LOC Suspension d'armes : arrêt concerté, local et momentané, des opérations. >> trêve.-DR. Suspension d'audience, son interruption par le président du tribunal. ABSOLT "Après cinq minutes de suspension pendant lesquelles mon avocat m'a dit que tout allait pour le mieux." CAMUS. Suspension de prescription. Suspension des poursuites. Suspension de peine. >> remise.- Suspension de paiements (>moratoire).
Fait de retirer ses fonctions (à un agent, à un magistrat, à un fonctionnaire) à titre de sanction disciplinaire (>suspendu). Suspension d'un maire par le préfet. >2 VX Figure de style qui consiste à tenir les auditeurs en suspens. GRAMM. Interruption du sens.- MOD. LOC. Points de suspension : signe de ponctuation (...) servant à remplacer une partie de l'énoncé ou à interrompre l'énoncé. "les points de suspension {...} tiennent en suspens ce qui ne doit pas être dit explicitement" BACHELARD.
II. >1 (1718) Manière dont un objet suspendu est maintenu en équilibre stable. Point de suspension d'une balance. La suspension d'un balancier. Suspension du tablier d'un pont. > Appui élastique d'un véhicule (châssis, coque) sur ses roues ; et des roues sur le sol (par les pneumatiques). Ressorts de suspension : ressorts à lames, barres de torsion, ressorts hélicoïdaux. Amortisseurs de suspension. - Suspension hydropneumatique, oléopneumatique. - Ensemble des pièces (amortisseurs, ressorts, jumelles, joints) assurant la liaison élastique du véhicule et des roues. La suspension est raide. >2 RARE Le fait d'être suspendu, l'action de suspendre. La vertigineuse horreur "qu'inspire la suspension au dessus d'un gouffre" GAUTIER. >3 CHIM. Etat d'une substance formée de particules solides finement divisées dans un liquide ou dans un gaz (milieu dispersif). Poussières en suspension dans l'air. Colloïde en suspension. - Une suspension : système formé par une ou plusieurs phases en suspension dans un milieu dispersif. > colloïde, suspensoïde. >4 (1867) VX Support suspendu au plafond. Suspension contenant des fleurs. - MOD. Appareil d'éclairage destiné à être suspendu. > lustre. "une petite suspension aux branches de cuivre ajouré qui semble une copie en réduction d'un lustre d'intérieur hollandais" PEREC.
Le Petit Robert 2012
Germaine Krull, La Folle d'Itteville, 1931
Voici Paris, modernités photographiques 1920 à 1950 - Centre Pompidou
Le lac - Alphonse de Lamartine
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :
« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
« Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.
« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.
« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus ?
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !
Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! »
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :
« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
« Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.
« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.
« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus ?
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !
Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! »
A nos Amours, 2012
Damien Saez
Lucien Lorelle, Nu au coléoptère, 1953
Voici Paris, modernités photographiques 1920 à 1950 - Centre Pompidou
From Polka Dots series, Providence, Rhode Island, 1975—1978Francesca WoodmanFrom Polka Dots series, Providence, Rhode Island, 1975—1978
Nous ne nous sommes pas reconnus dans le silence, nous ne nous sommes pas reconnus dans les hurlements, ni dans nos grottes, ni dans les gestes des étrangers. Autour de nous, la campagne est indifférente et le ciel sans intentions.
Nous nous sommes regardés dans le miroir de la mort. Nous nous sommes regardés dans le miroir du sceau insulté, du sang qui coule, de l'élan décapité, dans le miroir charbonneux des avanies. Nous sommes retournés aux sources glauques.
Henri Michaux - Labyrinthes
Agnès RedRichard LearoydAgnès in gingham dress
Sur le tableau "Nu au coléoptère" (scarabés) je n'y vois que des lépidoptères (papillons)
RépondreSupprimerNu au papillon
RépondreSupprimer1953
Epreuve gélatino-argentique
22 x 29 cm
Photomontage
Il faut parfois regarder au creux d'une main...