20.5.12

De Metz, parti pour la Liberté !

Il y a 178 ans, le 20 mai 1834 mourrait le célèbre Gilbert du Motier de La Fayette. Millionnaire et orphelin à l'âge de l'adolescence, ce jeune idéaliste marquis de son état rêve de gloire et de liberté. Les Etats-Unis devient pour lui ce vaste combat d'idéal trop inespéré pour ne pas s'y engouffrer au dépend des ordres d'un roi, Louis XVI qui n'a pu l'y contraindre. C'est de Metz qu'il prend la décision de son départ après avoir été initié à la maçonnerie à Paris.

Statue de La Fayette - jardins de l'Esplanade, Metz

"Du premier moment ou j'ai entendu le nom de l'Amérique, je l'ai aimée.
 Dès l'instant que j'ai su qu'elle combattait pour sa liberté, j'ai brûlé du désir de verser mon sang pour elle."
Gilbert du Motier de La Fayette.

Il combat aux côtés des "patriotes" américains, s'alliant aux indiens et défendant devant son ami Georges Washington, la fin de l'esclavage.
De retour en France, élu général en chef de la garde nationale, il joue un rôle de premier ordre affichant la cocarde tricolore mais apportant son soutien à la sécurité de la famille royale. Appelé le "général Morphée" après que l'insurrection des femmes réclamant du pain à Versailles s'en soit pris à la famille royale. Le général faisait effectivement une sieste.

"C'est la force et la liberté qui font les excellents hommes. La faiblesse et l'esclavage n'ont fait jamais que des méchants."
(Rêverie d'un promeneur solitaire, Jean-Jacques Rousseau)

Cherchant la gloire et rejetant toute prise de pouvoir, il s'est fidèlement allié à ses convictions et a combattu pour la liberté du peuple de France. Rejetant l'anarchie, il a été haïe par les monarchistes et les révolutionnaires qui lui reprochaient ses connivences avec la cour. En démissionnant et redevenant général à Metz, il est placé par Louis XVI à la tête de l'armée de l'Est en 1791 d'où il lance son combat pour la France contre les autrichiens. Il est fait prisonnier en août 1792 et purge une peine jusqu'en 1797 où le concours de Washington qui demandait sa libération depuis la première année donne une raison, non moins officielle mais diplomatique, aux autrichiens de céder aux menaces de Napoléon. Devant la Terreur, sa femme le rejoint à Olmutz où elle restera avec lui jusqu'à sa libération, risquant même jusqu'à de graves ennuis de santé qui lui seront fatals.

Reconnaissant à Napoléon et respectant ce jeune officier dont il a croisé le parcours, il se fera également un opposant politique farouche prenant position pour la liberté, aidé d'une renommée attachée à son nom.
Napoléon dira de lui : "Tout le monde en France est corrigé, excepté La Fayette : vous le voyez tranquille, eh bien ! je vous dis, moi, qu'il est prêt à recommencer."
En 1815, il obtient l'abdication de l'Empereur et il continue son combat politique en cautionnant un système qu'il trouve le moyen de combattre de l'intérieur en devenant député de la Sarthe. Cela ne l'empêchera pas de conspirer contre la Restauration. En 1824, il entreprend un voyage aux Etats-Unis qui est sa consécration aux yeux des américains qui le célèbre en héros. En France sa renommée ne se contredits pas mais il a davantage d'opposants politiques. 

Il prend un rôle important durant la Révolution de 1830 contre le régime de Charles X. La lignée des Bourbons avait tout tenté pour garder le pouvoir. Finalement la cour prend la fuite alors que La Fayette adoube la Maison d'Orléans, persuadé que la France n'est pas prête pour une nouvelle République. Il sera partisan d'une monarchie parlementaire et du haut du balcon de l'Hôtel de Ville embrasse face au peuple Louis-Philippe 1er dans un drapeau tricolore, le 31 juillet 1830. 
Reprenant le commandement de la Garde Nationale, il a la responsabilité du difficile retour au calme dans Paris. Tout débordement pouvant provoquer un nouveau trouble national. Au procès de Charles X et de ses ministres, il défend l'intégrité des institutions et la fin de la peine de mort. Malgré les nombreuses patrouilles, l'émeute se fait pressentir aux cris de "Morts aux ministres". Les agitateurs ne masquaient pas leur désir de renverser le gouvernement. La Fayette prend alors la décision de sauver Charles X contre qui il a combattu ses excès de pouvoir pour lui éviter la mort. 

Louis-Philippe, réalisant quel pouvoir il confiait à une personne en qui il ne pouvait réellement pas faire confiance, du fait de ses aspirations libertaires, le licencie. Rentré dans l'opposition parlementaire, il défendra ses convictions avec la liberté de la Belgique - il refusera dignement la royauté du peuple Belge alors que celle-ci lui fut offerte.
Il meurt le 20 mai 1834 à 76 ans. Il repose au cimetière Picpus à Paris avec sa femme recouvert de la terre d'Amérique qu'il avait rapporté avec lui de son dernier voyage. Les deux chambres du congrès américain lui décernèrent les mêmes honneurs funèbres que pour les obsèques du Président Georges Washington. "Le héros des deux mondes" a été fait citoyen d'honneur des Etats-Unis à titre posthume en 2002. Un drapeau américain est chaque année changé sur sa tombe tous les 4 juillet par l'ambassade des Etats-Unis.

Gonzague St Bris clôture son excellente biographie : 
"Héros des Deux Mondes" et prophète des deux révolutions, il a découpé dans les étoffes du temps l'habit neuf de sa perpétuelle présence.

3 commentaires:

  1. La Liberté, si belle, décisive et monumentale soit-elle, n'exige pas impérativement la solitude. Il n'y a qu'à regarder son sein.

    Quel beau billet

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  2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  3. "Le commentaire sur le Général Morphée a été supprimé par Morphée lui-même"

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