Le jour s'est levé, tout s'est accéléré devant moi. Un trait de lumière, fondu dans le triste matin d'abord noir comme mon café puis gris argenté.
Deux cubes dont je n'avais que faire. Deux cubes, que je rejetais, sur une soucoupe couronnée d'une légère fumée amère souhaitait adoucir mon matin. Les cercles vaporeux s'animaient en volutes et le liquide torréfié me remplissait peu à peu pendant que mes yeux plissés lissaient l'apparence du jour à l'arôme Vénézuélien.
Deux cubes. Deux cubes dont le deuxième portait une longue cheminée d'où sortait et se confondait une fumée aussi épaisse que la brume. Une lignée de larges faisceaux traversait le parking, ou du moins ce qu'on en devinait. Le grillage qui bordait et séparait les deux éléments géométriques versait l'embrun par le murmure du vent. J'entrais dans le cube - celui sans cheminée qui remplit les coffres - par une porte coulissante automatisée quand je remarquai à ma gauche un étrange mur de losange, tapissé comme une chaussée irréelle.
Dehors, on ne savait plus, je ne savais plus, si l'ogre gris embrassait les lueurs citadines ou si la ville déchiquetait le géant stratus par les déchirures des artifices incandescents. La nue était brûlée par halos. Ma perception était mise à mal par le paradoxe de la représentation de la lumière. Dans un nœud, le brouillard stoppe toute clarté en même temps que le brouillard élargit tout rayon lumineux.
Je tentais de m'expliquer les effets de cette diffraction. La lumière dissoute et fondante s'élargit sur ce support fantomatique qui absorbe également toute perception chromatique.
Dedans, les vastes rayons s'enchaînaient à la lumière. Les néons me cognaient. Les longueurs n'en finissaient plus d'étendre les éclairages aux vibrations électriques. Autour de moi, l'écho des choses. Ces cages à contenant, c'est du vent à nourrir. Ces boites entassées, ces bidons remplis, ces emballages cartonnés, ces empaquetages plastifiés se mêleront encore à la brume déchiquetée par la cheminée de l'incinérateur du cube voisin. Le mélange s'opère dans atmosphère tracée au scalpel lumineux. Le destin expire, les échéances se croisent. Les produits se consument sous les rayons répétés à l'infini d'une lumière artificielle. Les néons s'étendent et se raccordent au consumérisme. Et moi, au milieu d'eux, agoraphobe, je fais le même geste qu'eux et remplis mon caddie. Eux, ils encaissent. J'encaisse ce mal, désorienté, j'observe ces femmes dépareillées, ces couples chiffonnés. Remplir ma semaine, rythmer mon goût, équilibrer mes repas, penser art ménager, balancer mes comptes.
Au milieu d'eux, froissé, aplati et piétiné comme un ticket de caisse, je me rends au milieu d'œufs.
Tout commence là. A l'intérieur l'inféconde idée de ce que je vais pouvoir en faire. Et pourtant déjà en premier sur ma liste. Autour de moi, les œufs dans les yeux, les boites vertes, les labels rouges, les boites en plastique et les paquets cartonnés. La douzaine, les six, les trois douzaines et des calculs au milieu d'œufs. Ma gène et leur aise quand le ridicule de la situation m'étreint au passage des semblables. Gros œufs, œufs bio, œufs élevés en batterie, œufs élevés en cage.
Ces boules protéinées, formée d'une fine écorce ne sont ni plus ni moins qu'une nature par essence morte. Ce n'est même pas l'idée de la mort qu'on enterre, mais celle de la non-existence non-fécondée qui se niche au frais des portes auto-éclairées des réfrigérateurs.
L'œuf est donc la part commune de l'humanité intégrant les cakes ou autres desserts goûteux. Et combien ils sont précieux et délicats.
Les ovoïdes se placent au mieux à l'abris, matelassés dans un support cartonné qui s'offre en résistance à tout son environnement. Or le support en question n'est pas à l'abris de s'ouvrir dans votre cabas. Voilà ce qui arrive alors. On ne prête égard qu'à cela, en faisant ses courses. Où sont les œufs ? Comment sont-ils rangés ? Attention ! Attention de ne pas les casser !
Voilà ce qui permet de rebondir comme œufs ne le feraient pas. On ne peut manquer de mettre tous ses œufs dans le même panier. En l'occurrence un sac cabas qui portait déjà une multitude de produits de consommation. Au moment de disposer simplement ses courses sur le tapis roulant de la caisse enregistreuse, le sac légèrement incliné voit les œufs s'évader. Au milieu de ce mélange les six objets les plus frais vivent leur sortie en totale autonomie comme si du poussin, ils leur poussaient déjà les pattes. Ils sont pourtant si fragiles. Tout s'éclaire dans l'œuf par un éclair d'une lumière aveuglante quand le fracas d'un bruit assourdi éclate leur fragilité.
L'omelette, c'est le châtiment des coquilles vides.Deux cubes dont je n'avais que faire. Deux cubes, que je rejetais, sur une soucoupe couronnée d'une légère fumée amère souhaitait adoucir mon matin. Les cercles vaporeux s'animaient en volutes et le liquide torréfié me remplissait peu à peu pendant que mes yeux plissés lissaient l'apparence du jour à l'arôme Vénézuélien.
Deux cubes. Deux cubes dont le deuxième portait une longue cheminée d'où sortait et se confondait une fumée aussi épaisse que la brume. Une lignée de larges faisceaux traversait le parking, ou du moins ce qu'on en devinait. Le grillage qui bordait et séparait les deux éléments géométriques versait l'embrun par le murmure du vent. J'entrais dans le cube - celui sans cheminée qui remplit les coffres - par une porte coulissante automatisée quand je remarquai à ma gauche un étrange mur de losange, tapissé comme une chaussée irréelle.
Dehors, on ne savait plus, je ne savais plus, si l'ogre gris embrassait les lueurs citadines ou si la ville déchiquetait le géant stratus par les déchirures des artifices incandescents. La nue était brûlée par halos. Ma perception était mise à mal par le paradoxe de la représentation de la lumière. Dans un nœud, le brouillard stoppe toute clarté en même temps que le brouillard élargit tout rayon lumineux.
Je tentais de m'expliquer les effets de cette diffraction. La lumière dissoute et fondante s'élargit sur ce support fantomatique qui absorbe également toute perception chromatique.
Dedans, les vastes rayons s'enchaînaient à la lumière. Les néons me cognaient. Les longueurs n'en finissaient plus d'étendre les éclairages aux vibrations électriques. Autour de moi, l'écho des choses. Ces cages à contenant, c'est du vent à nourrir. Ces boites entassées, ces bidons remplis, ces emballages cartonnés, ces empaquetages plastifiés se mêleront encore à la brume déchiquetée par la cheminée de l'incinérateur du cube voisin. Le mélange s'opère dans atmosphère tracée au scalpel lumineux. Le destin expire, les échéances se croisent. Les produits se consument sous les rayons répétés à l'infini d'une lumière artificielle. Les néons s'étendent et se raccordent au consumérisme. Et moi, au milieu d'eux, agoraphobe, je fais le même geste qu'eux et remplis mon caddie. Eux, ils encaissent. J'encaisse ce mal, désorienté, j'observe ces femmes dépareillées, ces couples chiffonnés. Remplir ma semaine, rythmer mon goût, équilibrer mes repas, penser art ménager, balancer mes comptes.
Au milieu d'eux, froissé, aplati et piétiné comme un ticket de caisse, je me rends au milieu d'œufs.
Tout commence là. A l'intérieur l'inféconde idée de ce que je vais pouvoir en faire. Et pourtant déjà en premier sur ma liste. Autour de moi, les œufs dans les yeux, les boites vertes, les labels rouges, les boites en plastique et les paquets cartonnés. La douzaine, les six, les trois douzaines et des calculs au milieu d'œufs. Ma gène et leur aise quand le ridicule de la situation m'étreint au passage des semblables. Gros œufs, œufs bio, œufs élevés en batterie, œufs élevés en cage.
Ces boules protéinées, formée d'une fine écorce ne sont ni plus ni moins qu'une nature par essence morte. Ce n'est même pas l'idée de la mort qu'on enterre, mais celle de la non-existence non-fécondée qui se niche au frais des portes auto-éclairées des réfrigérateurs.
L'œuf est donc la part commune de l'humanité intégrant les cakes ou autres desserts goûteux. Et combien ils sont précieux et délicats.
Les ovoïdes se placent au mieux à l'abris, matelassés dans un support cartonné qui s'offre en résistance à tout son environnement. Or le support en question n'est pas à l'abris de s'ouvrir dans votre cabas. Voilà ce qui arrive alors. On ne prête égard qu'à cela, en faisant ses courses. Où sont les œufs ? Comment sont-ils rangés ? Attention ! Attention de ne pas les casser !
Voilà ce qui permet de rebondir comme œufs ne le feraient pas. On ne peut manquer de mettre tous ses œufs dans le même panier. En l'occurrence un sac cabas qui portait déjà une multitude de produits de consommation. Au moment de disposer simplement ses courses sur le tapis roulant de la caisse enregistreuse, le sac légèrement incliné voit les œufs s'évader. Au milieu de ce mélange les six objets les plus frais vivent leur sortie en totale autonomie comme si du poussin, ils leur poussaient déjà les pattes. Ils sont pourtant si fragiles. Tout s'éclaire dans l'œuf par un éclair d'une lumière aveuglante quand le fracas d'un bruit assourdi éclate leur fragilité.
A chaque remous, chaque mouvement se risque le pire et une fin gélatineuse aux coquilles fracassées. Brinquebalés en tout sens au milieu d'un cabas dans lequel je tente de mettre de l'ordre. Les bouteilles roulent, les fruits se mélangent et je vais à la pêche aux œufs.
La providence a laissé sa chance aux œufs et les voilà sains et saufs. Un miracle qui ne les a pas fait éclore précipitamment pour barbouiller mes autres denrées. Embrouillé dans de chanceuses conclusions, j'ai fait l'œuf et j'ai porté aux nues mon estime de ces petits ovoïdes. Les lignes interminables de néons concentrées ; l'écho frappait tout autour de moi comme pour éclore un espace de vastes promesses. Ainsi ma morale que voici.
De l'e dans l'a à l'e dans l'o
xxxxx 0 xxxxxx 0 xxxxxx 0 xxxxx
Et cætera peint en noir trois petits œufs
Pour suspendre et pondre la lâcheté vers ceux
Qui se pendront, heureux, au souhaitable mieux
Et combler les blancs à direction de leurs vœux
Les yeux dans les œufs
Et cætera
Œufs
...
... et le comble serait encore de les manger après la date de péremption !Pour suspendre et pondre la lâcheté vers ceux
Qui se pendront, heureux, au souhaitable mieux
Et combler les blancs à direction de leurs vœux
xxxxxxx 0 xxxxxx 0 xxxxxx 0 xxxxxxx
Et cætera
Œufs
...
x x x 0 x x x x 0 x x x x x x 0 x x x x x x x x x x x x x Œ x x x x x x x x x x x x x x 0 x x x x x x 0 x x x x 0 x x x
C'est certain, il est temps que tu confies à un specialiste lacanien tes pensées sur les formes ovoïdes...
RépondreSupprimerMerci pour ce texte drôle et troublant, comme cette chanson géniale de bjork au clip ovipare, qui me ramène à mes hystéries lycéennes, la bien nommée : Venus as a boy >> http://www.dailymotion.com/video/x1z5az_bjork-venus-as-a-boy_music